Des dinosaures dans l’espace

Dinosaures… un mot synonyme de très vieux, primitif, lent… mais aussi animaux terrestres, alors que sont ces dinos du cosmos ? Nos sondes…

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Par Stéphane
Des dinosaures dans l’espace

Dinosaures… un mot synonyme de très vieux, primitif, lent… mais aussi animaux terrestres, alors que sont ces dinos du cosmos ? Nos sondes spatiales, envoyées depuis des décennies, poursuivant leur trajectoire, valsant d’ un objet stellaire à un autre, et toujours en communication avec nous.

Prenons la plus ancienne de ces sondes toujours en activité : Voyager 1, lancée en 1977, soit bientôt 40 ans, et actuellement à un peu plus de 20 milliards de kilomètres de notre planète.

1977… vous vous souvenez de ce qu’était l’informatique à cette époque ? C’est facile, c’est la date de commercialisation du fameux Apple ][, armée de son écran vert et son lecteur de disquettes de 5 pouces un quart (5”1/4).

L’Apple ][, unité centrale avec son clavier, l’écran et lecteur de disquettes.

L’ordinateur central (mainframe) dont c’est servi le mathématicien Michael Minovitch pour déterminer la trajectoire de l’aeronef était l’IBM 7090, dont la taille donne tout son sens à la qualification de micro-ordinateur de l’Apple ][.

Voyager 1 est équipé de trois ordinateurs préhistoriques, tous redondants, c’est à dire que chacun est en double exemplaire, pour assurer leur fiabilité et longévité.

L’ordinateur principal est dénommé Command Computer Subsystem (CCS), sa conception est quasi identique à celui des sondes Viking, lancées en 1975 pour explorer Mars.

Les deux autres sont le Flight Data System (chargé de la télémétrie et des transmissions) et le Attitude Articulation (orientation de la sonde sur ses 3 axes).

L’ordinateur Flight Data System… numéro de série : 3 !

Ces ordinateurs peuvent être reprogrammés depuis la terre, par exemple le programme qui était nécessaire au décollage, devenu inutile, a été remplacé par un autre, tout aussi spécifique. Les ordinateurs contrôlant les équipements de mesure, sont reprogrammé seulement en prévision ou pendant les rencontres de la sonde avec un objet stellaire à étudier. La rencontre de Voyager 1 avec Jupiter a donné lieu a 18 téléchargements. En moyenne il y a une “mise à jour” tous les 3 mois.

Le développement des programmes est l’oeuvre de petites équipes de programmeurs, jusqu’à 4 pour le CCS (en 1975) et 2 pour le Flight Data System. Un système en tout point identique à celui embarqué dans la sonde est maintenu en laboratoire, sur Terre, et permet de tester les programmes.

Alors que le microprocesseur (6502) équipant l’Apple ][ est 8 bits, celui du Flight Data System est 16 bits, possède 16 K octet, et pèse… 16 kilogrammes.


1977–2017 : 40 années et la sonde est toujours en activité. Sur terre de jeunes programmeurs ont pris la relève de leurs prédécesseurs et continuent d’écrire des programmes pour ces dinosaures de l’espace. À quoi pensent-ils quand ils répondent à un appel téléphonique sur leur smartphone qui est un million de fois plus rapide et 100 fois plus léger que leur outil de travail quotidien ?

“Ah ! Si seulement il était aussi fiable !” ?


  • Photo tube https://flic.kr/p/oyxsZe
  • [ Pour Por Esto!, traduit en espagnol par Lorely Miranda, 2012 ]
  • Photo carte Voyager: Jet Propulsion Laboratory, USA.
  • Pour en savoir plus http://bit.ly/voyagerccs