Un peu de litterature

Amazon ? Non. OFFILIB, Lavoisier ou LMET.

4 minute de lecture
Par Stéphane
Un peu de litterature

Amazon ? Non. OFFILIB, Lavoisier ou LMET.

Si je commence à parler d’un temps où l’informatique était florissante mais Amazon n’existait pas, certains auront du mal à me croire.

Et pourtant !

Quand on aimait l’informatique, et les sciences en général, on savait où était les bonnes librairies scientifiques à Paris. Le choix était hélas assez réduit jusqu’à 1980 avant de s’élargir en 1986.

D’abord, pour le tout venant, on pouvait aller soit chez Joseph Gibert boulevard Saint-Michel, soit chez Eyrolles boulevard Saint-Germain, soit à la FNAC. Chez Gibert, à cause de la proximité des universités, on trouvait la Série Schaum fameuse pour ses livres ressemblant à des polycopiés de fac. Désolé si les images ci-dessous vous évoquent des souvenirs douloureux relatifs à des heures de révision !

J’ouvre une petite parenthèse pour évoquer l’éditeur Vuibert, qui existe toujours, mais qui se refrènent à parler de leur glorieux passé, la page ci-dessous n’étant plus disponible (sauf via archive.org).

histoire de la librairie Vuibert
L’histoire de Vuibert … avant le caviardage.

Ma librairie préférée était OFFILIB sise au 48 rue Gay Lussac. Tout en longueur, il fallait traverser les départements de mathématiques, de biologie, de chimie avant d’arriver dans le dernier compartiment dédié à l’informatique, tout au fond. Mais là, c’était le rêve. Quantité de livres en anglais, MIT Press, McGraw Hill, Wiley, mais aussi Springer Verlag, et tant d’autres. J’y passais des heures, malgré qu’il n’y avait nul endroit pour s’asseoir. Le personnel était compétent, habitué à gérer les commandes du CNRS par exemple, ils savaient au minimum vous recommander ce qui était le plus vendu. Il ne faut pas s’imaginer OFFILIB comme un rayon de la FNAC, non, non, c’était confidentiel et feutré, avec quelques rares clients qui passait pour récupérer leur commande. L’intérieur était tout en bois, cet endroit ne devait pas avoir bougé depuis 1956, date de la création de la société. 
OFFILIB a cessé son activité en 1997.

Librairie Lavoisier, au 11 de la rue du même nom faisait le même boulot. Je n’y ai jamais mis les pieds, préférant la rive gauche.

Les PUF, Presses Universitaires de France, sur le boulevard Saint Michel pouvaient éventuellement contenir des ouvrages concernant les sciences dont l’informatique, sans que ce soit sa spécialité. Elles éditaient en particulier la fameuse collection Que sais-je ? Bonne nouvelle, elles viennent d’ouvrir une boutique rue Monsieur-le-Prince et offrent l’impression de livres à la demande.

devanture wh smith en 1800

Parfois on pouvait tenter les librairies américaines, principalement pour trouver des revues, comme le MIT Technology Review. Deux choix étaient possibles : WH Smith, rue de Rivoli près de la Concorde ou Brentano’s avenue de l’Opéra. Brentano’s a coulé en 2009, repêché en 2010, j’ignore s’ils vendent encore des magazines américains, la dernière fois que j’y suis passé son activité relevait plus d’une boutique de souvenirs cheap à destination des touristes japonais du quartier que d’une librairie.

En 1986 c’est ouvert la librairie Le monde en tique, rue Maître Albert, non loin du boulevard saint Germain et de la place Maubert. Ce fut comme un miracle. Enfin on pouvait y trouver tout ce qu’on voulait, et même plus. Tenue par deux gars dont j’ai oublié le nom, mais l’un a un accent américain immanquable. À ses début lmet est entièrement dédié à l’informaTIQUE, il y avait toutes les nouveautés, et en prime les journaux et magazines introuvables ailleurs. C’est spacieux, bien organisé, et bien éclairé. Les tenanciers savent de quoi ils parlent, et ils sont sympas.

Le monde en Tique c’était l’équivalent de la quincaillerie de quartier à l’ancienne, avec les objets suspendus au plafond. On y trouvait tout, les produits étaient de qualité, et si par malheur sa recherche échouait le propriétaire vous glissait un “je vais vous trouver ça”, et ce n’était plus qu’une question de temps.

La librairie est devenu une galerie d’art, quelque part entre 2012 et 2014… et il n’y a aucun faire part de décès, le site fonctionne, il y a des nouveautés (2017) en ligne, donc je suppose qu’ils “existent” encore.

Une recherche sur “UNIVAC” retourne 23 livres sur lmet contre 8 chez Lavoisier et 6 chez Barnes&Nobles.

Mais comme les examples de cette page l’ont montré, une librairie c’est d’abord un lieu, qu’elle vende des livres scientifiques ou des livres d’art, ce que les gens retiennent c’est l’atmosphère qui s’en dégage.

Il faut se l’avouer, nous, informaticiens, nous avons participé à la disparition de ces lieux. Je soupçonne que les prix de l’immobilier y soit aussi pour quelque chose.

PS. Un problème de taille n’a pas été résolu depuis 1980 : le prix des livres. On est passé de 250 francs en 1985 à 70 € en 2017 : c’est le même prix, trop élevé !